Nungak, Zebedee

Essayiste, journaliste et homme politique né à Saputiligait (Nunavik) en 1951.

Zebedee Nungak est né à Saputiligait, petit village situé au sud de Povungnituk (auj. Puvirnituq), sur la côte nord-ouest de la Baie d’Hudson, et il grandit dans une famille qui observe le mode de vie traditionnel inuit. Jusqu’à l’âge de 12 ans, il fréquente l’école fédérale de Povungnituk. En 1963, sa vie change lorsqu’il est envoyé, avec deux autres jeunes garçons inuits, pour vivre dans des familles anglophones à Ottawa. Dans le cadre de ce que le gouvernement canadien appellait alors «l’expérience inuite», les jeunes garçons finissent leurs études secondaires dans le Sud, où ils apprennent la langue et les coutumes des qallunaat (les Blancs), un sujet qui fournit plus tard à Zebedee Nungak matière à satire.

Dans les années 1970, Zebedee Nungak retourne dans le Nord, où il travaille d’abord comme traducteur et interprète pour le gouvernement canadien. Il est le rédacteur du Message (Tukisinaqtuk), une lettre circulaire trilingue à destination des communautés de l’Arctique, et il est animateur pour CBC North Iqaluit.

L’on décrit Zebedee Nungak comme une figure dominante dans la construction du Nunavik et son œuvre politique est d’importance. Avec Charlie Watt, il est un membre fondateur de l’Assocation des Inuits du Nouveau-Québec, une association dont le rôle était de représenter les Inuits et de mener les négociations avec les gouvernements du Québec et du Canada dans le cadre des revendications territoriales qui ont mené à la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Il est un signataire de cette même Convention en 1975. Entre 1995 et 1998, il préside la Société Makivik, organisation inuite dont le rôle est d’administrer les indemnités accordées aux communautés inuites par la Convention de la Baie James et du Nord québécois. En tant que co-président du Comité inuit sur les affaires nationales entre 1984 et 1987, il participe aux négociations autour de la Constitution canadienne et milite pour l’intégration des droits des Inuits dans le texte de loi.

Zebedee Nungak participe à de nombreux ouvrages pour mieux faire connaître les récits inuits et la langue inuktitut. Il publie avec Eugene Arima en 1969 un recueil bilingue (anglais et inuktitut) intitulé Unikkaatuat sanaugarngnik atyingualiit Puvirngniturngmit. Eskimo Stories from Povungnituk, Quebec, republié en édition bilingue (français et inuktitut) en 1975 sous le titre Unikkaatuat sanaugarngnik atyingualiit Puvirngniturngmit. Légendes inuit de Povungnituk, Québec, puis d'autres éditions de nombreuses fois par la suite, notamment en 1988, 1992 et 2000. Dans les années 1980, il fait paraître des recueils trilingues sur les délibérations des anciens du Nunavik, par exemple en 1982 sous le titre Northern Quebec Inuit Elders Conference. Inummariyt Katimaniskga Puvirniturk Kupaimmi. Conférence des anciens du Nouveau-Québec. Avec Ida Saunders, Moses Novalinga et Adamie Kalingo, il publie en 2012 un ouvrage trilingue, Illirijavut. ᐃᓪᓕᕆᔭᕗᑦ. That which we treasure. La langue que nous chérissons, dans le but de revitaliser la langue inuktitut.

Zebedee Nungak est un journaliste prolifique et, depuis 1979, il a signé plus de 60 articles dans des magazines canadiens tels qu’Inuktitut Magazine, Windspeaker, Atuaqnik, et Taqralik. Son sujet préféré est ce qu’il appelle la «qallunologie», soit l’étude des Blancs par les Inuits. Il est notamment crédité du film Qallunaat! Why White People are Funny (ONF/NFB, 2006), qui est traduit vers le français (Qallunaat! Pourquoi les blancs sont drôles) en 2017. Son livre Wrestling With Colonialism on Steroids: Quebec Inuit Fight for Their Homeland (Véhicule Press, 2017), préfacé par Tagak Curley, est traduit en français sous le titre Contre le colonialisme dopé aux stéroïdes. Le combat des Inuit du Québec pour leurs terres ancestrales (Boréal, 2019). Cette édition française de son essai est finaliste du Prix des Libraires du Québec en 2020. En 2017, Zebedee Nungak est élevé au rang de Chevalier de l’Ordre du Québec par le premier ministre du Québec, qui distingue ainsi ses contributions à la société québécoise.

Zebedee Nungak vit à Kangirsuk dans le nord du Nunavik avec sa femme et leurs sept enfants.

La rédaction de cette biographie est basée sur les documents écrits disponibles lors d'une recherche collective réalisée de 2018 à 2021. Il est possible que des coquilles et des faits doivent être corrigés. Si vous constatez une erreur, ou si vous souhaitez rectifier quelque chose dans une biographie d’auteur, merci de nous écrire à imaginairedunord@uqam.ca et nous le ferons avec plaisir. C’est de cette manière que nous arriverons à avoir des présentations plus précises, et à mieux faire connaître et mettre en valeur la culture inuite.

 

(c) Laboratoire international de recherche sur l'imaginaire du Nord, de l'hiver et de l'Arctique, Université du Québec à Montréal, 2018-2021, Daniel Chartier et al.