Akuliaq

Conteur, chasseur et aîné né dans la région de Sanikiluaq (Nunavut) autour de 1890 – mort à Inukjuak (Nunavik) au début des années 1970.

L’on ne connaît d’Akuliaq que son surnom, qui signifie « zone située entre les yeux » ou « visage » en dialecte inuktitut du sud de la région de Qikiqtaaluk (aussi appelée région de Qikiqtani ou de Baffin) ; c’est aussi un toponyme, renvoyant au plateau Akuliaq, dans la péninsule d’Ungava (Nunavik). Cet aîné de Sanikiluaq, village situé sur la rive nord de l’île Flaherty, dans la baie d’Hudson, raconte sa vie à l’anthropologue Bernard Saladin d’Anglure, à la faveur d’une entrevue qui a lieu à Inukjuak en décembre 1967 : ce dernier lui fournit un cahier, où il consigne ses souvenirs en caractères syllabiques. Akuliaq dit avoir été élevé par sa grand-mère, la seule mère qu’il n’ait jamais connue ; il évoque son grand-père, Tununiq, et sa mère, Alicie Nainjajuq, mais juge ne pas avoir de père. La grand-mère d’Akuliaq chasse phoques et goélands avec les deux fils de son mari, Samwillie Arsaapaq et Danielli Sulusi, et elle est réputée pour son habileté, ainsi que pour les bottes qu’elle confectionne. Les chants de sa grand-mère, chaque soir, bercent Akuliaq, qui grandit avec elle dans un igloo, dans la région de Sanikiluaq. Dans sa jeunesse, il apprend à manier le harpon. L’on sait qu’après la mort de sa grand-mère, il épouse une femme bien plus jeune que lui.

D’Akuliaq, l’on conserve aujourd’hui le récit de son enfance auprès de sa grand-mère, paru en version trilingue (inuktitut, anglais, français) sous le titre « Souvenirs de ma grand-mère » dans Tumivut, revue culturelle des Inuits du Nunavik, en 1995. L’on lui doit un autre récit, l’histoire de Quqsulaat (ou Qursulaaq), qu’il tient d’un certain Qarvik et qu’il a également consignée dans le cahier fourni par Bernard Saladin d’Anglure. Quqsulaat, qui aurait été une amie et une compagne de chasse de la grand-mère d’Akuliaq, est l’épouse d’un tuurngaq, esprit maléfique que seuls les chamans sont en mesure de maîtriser. Qarvik, hébergé quelques temps par le couple, est le témoin de leurs pratiques étonnantes : Quqsulaat est régulièrement dévorée par son époux, qui lui assure ainsi une jeunesse éternelle, et leur demeure apparaît et disparaît au gré des envies du tuurngaq. Grâce à l’assistance de Quqsulaat et à l’influence de son époux, la grand-mère d’Akuliaq ne manque jamais de gibier. L’histoire de Quqsulaat, qui est aussi relatée par d’autres conteuses et conteurs, telle Lucy Weetaluktuk, est néanmoins transmise sous le nom d’Akuliaq. Bernard Saladin d’Anglure la relate dans au moins trois articles : dans Recherches amérindiennes au Québec en 1992 ; dans Anthropologie et sociétés en 1998  et dans Parcours anthropologiques en 2003.

Si Akuliaq, décédé à Inukjuak à plus de quatre-vingts ans, est lui-même peu connu, il fournit une riche matière d’analyse aux anthropologues, qui perpétuent, à la suite de Bernard Saladin d’Anglure, le récit de l’histoire de Quqsulaat : l’on songe notamment à la thèse d’anthropologie de Florence Dupré, « La fabrique des parentés. Enjeux électifs, pratiques relationnelles et productions symboliques chez les Inuit des îles Belcher (Nunavut, Arctique canadien) » (2014).

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(c) Laboratoire international de recherche sur l'imaginaire du Nord, de l'hiver et de l'Arctique, Université du Québec à Montréal, 2018-2021, Daniel Chartier et al.