Arnakallak, Titus

Traducteur et interprète né au tournant des années 1960 (Nunavut).

Titus Arnakallak est probablement né au tournant des années 1960. Il grandit dans une famille originaire de Pond Inlet (auj. Mittimatalik), localité située sur l’île de Baffin dans l’actuel Nunavut. La famille de Titus Arnakallak est marquée par la relocalisation dans le Haut-Arctique qui touche plusieurs communautés inuites dans les années 1950. En effet, en 1953, Arnakallak, le père de Titus Arnakallak, sa mère Qaumayuq, ses frères et sœurs Rhoda, Maikpainnuk, Damaris, Morgan, Timonie, Phoebe et Jonathan, mais aussi ses grands-parents, sont relocalisés à Craig Harbour, situé sur l’île d’Ellesmere, à une cinquantaine de kilomètres de Grise Fiord, dans l’actuel Nunavut. En 1957, la famille peut retourner à Pond Inlet. La grand-mère de Titus Arnakallak décède de tuberculose, dans l’exil d’un sanatorium à Hamilton, en Ontario, en 1957. Titus Arnakallak et son petit frère Juunia naissent probablement après cet événement.

Titus Arnakallak mène une carrière de traducteur et d’interprète : il est d’ailleurs à la tête d’une entreprise, Arnakallak Translating, basée à Pond Inlet. Dans le cadre de sa profession, il traduit de nombreux documents et rapports officiels, tant pour le gouvernement fédéral que pour le gouvernement du Nunavut ; ses domaines d’expertises sont l’écologie, la gestion de la chasse et de la trappe, ainsi que l’intendance des parcs nationaux de l’île de Baffin. Son statut d’interprète lui permet de contribuer à faire connaître les problématiques rencontrées sur son territoire d’origine. Par exemple, il est interprète pour le film de Barry Greenwald Between Two Worlds (1990), documentaire consacré à Joseph Idlout, Inuit originaire de Pond Inlet, célèbre pour avoir accompagné et guidé les familles relocalisées dans le Haut Arctique à Resolute Bay (Nunavut). Titus Arnakallak contribue également en tant qu’interprète au mémoire de maîtrise de Catherine-Alexandra Gagnon en Gestion de la faune et de ses habitats, « Complémentarité entre savoir écologique inuit et connaissances scientifiques : le cas de l’écologie du renard arctique, du renard roux et de la grande oie des neiges dans la région de Mittimatalik, Nunavut, Canada » (Université du Québec à Rimouski, 2007). La conscience linguistique de Titus Arnakallak le conduit enfin à publier une lettre ouverte dans le journal Nunatsiaq News, où il s’oppose au principe de la standardisation de l’inuktitut à travers le Nunatsiaq (terme inuit désignant les Territoires du Nord-Ouest), le Nunavut, le Nunavik et le Nunatsiavut : « Many questions about language standardization » (2012).

La défense de la culture, de la langue et des intérêts politiques de sa communauté sont le cheval de bataille de Titus Arnakallak. Le traumatisme de la relocalisation dans le Haut Arctique le conduit à prendre régulièrement la parole, en tant que descendant d’exilées et d’exilés. En 2010, il répond notamment aux questions du journal The Globe and Mail de Toronto (Ontario) et évoque le problème de la compensation financière, toujours décroissante, que le gouvernement fédéral accorde aux survivants de la relocalisation. Titus Arnakallak témoigne également de son sentiment d’imposture, victime d’un traumatisme qu’il n’a pas connu lui-même. Sur les réseaux sociaux, Titus Arnakallak affirme régulièrement sa sympathie pour l’œuvre de Zebedee Nungak, notamment le documentaire auquel ce dernier a collaboré, Qallunaat! Why White People Are Funny (2006).

Aujourd’hui, Titus Arnakallak vit à Pond Inlet. Père de quatre enfants, il est également impliqué dans la vie de sa communauté : en octobre 2019, il est élu conseiller municipal de Pond Inlet.

La rédaction de cette biographie est basée sur les documents écrits disponibles lors d'une recherche collective réalisée de 2018 à 2021. Il est possible que des coquilles et des faits doivent être corrigés. Si vous constatez une erreur, ou si vous souhaitez rectifier quelque chose dans une biographie d’auteur, merci de nous écrire à imaginairedunord@uqam.ca et nous le ferons avec plaisir. C’est de cette manière que nous arriverons à avoir des présentations plus précises, et à mieux faire connaître et mettre en valeur la culture inuite.

 

(c) Laboratoire international de recherche sur l'imaginaire du Nord, de l'hiver et de l'Arctique, Université du Québec à Montréal, 2018-2021, Daniel Chartier et al.