Ekoomiak, Normee

Artiste visuel et auteur né à Cape Jones (Nunavik) en 1948 – mort à Ottawa (Ontario) en 2009.

Normee Ekoomiak (aussi écrit Eekoomiak), également connu sous le nom de Norman Ekoomiak, est né en 1948 à Cape Jones, à la limite sud de la baie d’Hudson. La famille de Normee Ekoomiak est originaire de villages situés dans l’actuel Nunavik : la famille de son père vient du village de Puvirnituq et la famille de sa mère vient de Great Whale River (auj. Kuujjuarapik en inuktitut et Whapmagoostui en cri). Normee Ekoomiak grandit à plusieurs kilomètres de Puvirnituq, à Fort George (auj. Chisasibi), où il vit à partir de l’âge de cinq ans. Fort George est dorénavant un territoire réservé aux Cris, mais à l’époque, il est partagé par les Cris et les Inuits. C’est dans ce village que Normee Ekoomiak passe la plus grande partie de sa jeunesse : il vit dans la tente de son grand-père, aux côtés de sa mère, de son père et de ses six frères et sept sœurs. Son grand-père et sa mère ont une très grande influence sur la vie de Normee Ekoomiak : c’est à eux qu’il doit l’apprentissage des savoir-faire traditionnels inuits et la maîtrise des différentes techniques qu’il mobilise dans sa pratique artistique. Normee Ekoomiak effectue ses études primaires et secondaires au pensionnat catholique de Fort George.

En 1971, à l’âge de vingt-trois ans, Normee Ekoomiak quitte Fort George et se rend chez sa sœur à Ottawa (Ontario). Un an plus tard, en 1972, il fait son entrée au collège George Brown à Toronto (Ontario). En 1973, il travaille au Centre des sciences de l’Ontario où il organise une exposition sur la culture inuite. Il est ensuite mandaté par la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) pour concevoir des costumes pour la pièce de théâtre The Executioner écrite par Farley Mowat, écrivain ayant publié plusieurs ouvrages sur la vie inuite. En 1976, Normee Ekoomiak bénéficie d’un programme d’aide du Ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien pour étudier à la New School of Art de Toronto. Il se spécialise dans le dessin, la peinture et la tapisserie. Son art est qualifié d’autobiographique, puisque ses œuvres illustrent surtout la vie traditionnelle des Inuits du Nunavik dans les années 1950. Les œuvres de Normee Ekoomiak sont reconnues à travers l’Amérique du Nord. Au cours des années 1970 et 1980, il produit plusieurs centaines d’œuvres qu’il expose entre autres au Museum of the Indian American de New York (États-Unis) ainsi que dans les galeries de plusieurs villes de l’Ontario dont London, Ottawa et Toronto. En 1986, après avoir fait don d’une tapisserie intitulée The Spirit of Liberty, à l’occasion du centième anniversaire de la Statue de la Liberté, il reçoit le titre de «Native American Artist of the New York Statue of Liberty Foundation».

D’abord reconnu en tant qu’artiste, Normee Ekoomiak est aussi l’auteur de deux publications bilingues (anglais et inuktitut) : An Arctic Childhood. [Ukiuqtaqtumi surusiuniq] paru en 1980 et Arctic Memories publié en 1988. Son premier titre An Arctic Childhood [Ukiuqtaqtumi surusiuniq] fait le récit de la jeunesse de Normee Ekoomiak en tant qu’enfant inuit vivant au Nunavik. Le texte est accompagné de peintures et de broderies réalisées par l’auteur. Son second titre Arctic Memories se présente également sous la forme de ce que Nelly Duvicq qualifie de « livre hybride », qui présente à la fois l’art et les souvenirs de l’auteur. Cette dernière parution connait un véritable succès : elle est traduite en cinq langues dont le français (Inuit: tableaux d'une enfance dans l'Arctique, 1988), l’italien (Inuit : scene di un'infanzia nell'Artide, 1988), le féroïen (Inuit : barndómsmyndir úr Póllandinum, 1989), le japonais (Kyokuhoku no omoide, 1990) et l’allemand (Inuit Bilder aus einer Kindheit in der Arktis, 1994) et elle est rééditée à trois reprises en format bilingue anglais et inuktitut, en 1989, 1990 et 1992. Ce livre rompt avec le discours traditionnel inuit : Normee Ekoomiak y mentionne ouvertement son problème d’alcool, les traumatismes reliés à son enfance et ses épisodes d’errance.

Après plusieurs années en ville, Normee Ekoomiak souhaite retourner au Nunavik à Fort George. Son vœu reste lettre morte, puisque son village n’existe plus : il a été inondé en partie par le projet de barrage hydroélectrique de la Baie James et ce qu’il en reste est devenu un territoire cri nommé Chisasibi.

Normee Ekoomiak décède à Ottawa en 2009 à l’âge de 61 ans.

La rédaction de cette biographie est basée sur les documents écrits disponibles lors d'une recherche collective réalisée de 2018 à 2021. Il est possible que des coquilles et des faits doivent être corrigés. Si vous constatez une erreur, ou si vous souhaitez rectifier quelque chose dans une biographie d’auteur, merci de nous écrire à imaginairedunord@uqam.ca et nous le ferons avec plaisir. C’est de cette manière que nous arriverons à avoir des présentations plus précises, et à mieux faire connaître et mettre en valeur la culture inuite.

 

(c) Laboratoire international de recherche sur l'imaginaire du Nord, de l'hiver et de l'Arctique, Université du Québec à Montréal, 2018-2021, Daniel Chartier et al.