Conteur, sculpteur et homme politique né à Inukjuak (Nunavik) en 1932 – mort à Inukjuak (Nunavik) en 2012.
Lazarusie Epoo, dont le nom peut connaître de nombreuses variations telles que Lazarussie Epoo, Lazarusie Epo, Lagunusil Epo ou Epoo, ou Lazarisie Epoo, est né en 1932 à Inukjuak (autrefois Port Harrison). C’est aussi dans ce village du Nunavik situé sur la baie d’Hudson qu’il décède en 2012. Son épouse Emily travaille dans l’artisanat ; il est le père biologique et adoptif de neuf enfants, parmi lesquels Daniel, également sculpteur. Les cousins de Lazarusie Epoo, Jackusie, Andrew, Simionie et Laimikie, qui vivent alors à Qausuittut (actuel Nunavut), figurent parmi les Inuits relocalisés à Resolute Bay, dans l’Extrême-Arctique, en 1953 par le gouvernement fédéral : en 1993, Lazarusie Epoo témoigne d’ailleurs en leur nom auprès de la Commission royale sur les peuples autochtones.
La carrière de Lazarusie Epoo est caractérisée par deux aspects : la création littéraire et artistique et l’engagement politique. Conteur et sculpteur, il puise son inspiration dans la chasse, qu’il pratique aussi souvent que possible. L’on songe par exemple à une sculpture de morse qu’il réalise dans les années 1960 et signe de son numéro d’identification, E9-1619. Ses sculptures figurent dans le catalogue Important Eskimo Prints, Drawings, Paintings and Carvings (1975) d’une vente organisée par Christie’s Canada à l’Hôtel Ritz Carlton de Montréal en 1975. C’est dans son autobiographie (1981) non publiée que Lazarusie Epoo trouve la matière de ses contes et récits : sont tirés de cette autobiographie ses deux récits trilingues (inuktitut, anglais, français) parus dans la revue Tumivut en 1995 : « Un ours blanc au clair de lune. A Polar Bear in the Moonlight », anecdote de chasse, et « La vie traditionnelle était merveilleuse, mais… Life in the Past was Wonderful but Sometimes… », rétrospective sur les difficultés de la survie dans l’Arctique.
Lazarusie Epoo est aussi un homme politiquement engagé : il figure parmi les membres du premier conseil communautaire de Port-Harrison et devient une figure d’autorité locale. Son statut de conseiller communautaire l’amène à participer aux conseils régionaux annuels qu’organise le Gouvernement du Québec à partir de 1964 pour consulter les leaders inuits au sujet d’une gestion québécoise du Nunavik : dans ces conseils régionaux, il côtoie Taamusi Qumaq, de Puvirnituq. Aux côtés de Charlie Watt, dont sa sœur aînée Ida Epoo est l’épouse, et de Zebedee Nungak, il dirige à partir de 1972 l’Association des Inuits du Nouveau-Québec (AINQ) dont il est l’un des co-fondateurs en 1971 ; entre 1979 et 2009, il est ensuite aussi vice-président de la Société Makivik, qui succède à l’AINQ en 1978 suite à la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (1975). En 1980, il est élu maire d’Inukjuak. Son influence sur les plans régionaux et québécois lui permet de prendre position pour défendre sa communauté : ainsi revendique-t-il le droit pour les Inuits de définir eux-mêmes leurs quotas de chasse dans son article bilingue (inuktitut, anglais) « Bears, Quotas, Hunting », paru dans la revue Atuaqnik en mars 1980.
En 2018, Lazarusie Epoo reçoit à titre posthume l’Ordre du Nunavik, récompense attribuée aux Inuits du Nunavik pour leurs accomplissements dans divers domaines ; c’est la famille Epoo, politiquement influente à Inukjuak, qui se présente en son nom pour recevoir cette distinction.