Militante écologiste, artiste pluridisciplinaire et écrivaine née à Qaqortoq (Groenland) en 1970.
Lana Hansen est née en 1970 à Qaqortoq, au sud du Groenland, dans une famille inuite. Dans son enfance, elle est bercée par les mythes et légendes du Groenland, qu’elle apprend à connaître tant à l’école qu’à la maison : sa mère lui relate la légende de la déesse inuite de la mer, Sedna, et les récits et chansons d’Ajarsivasik (littéralement : « la grosse tante adorable »), célèbre conteuse de sa région, l’inspirent. Dès l’enfance, Lana Hansen écrit des poèmes et des récits. Elle admire l’œuvre d’autres écrivains groenlandais, tels que Hans Lynge ou Ole Korneliussen.
À l’âge adulte, Lana Hansen vit à Nuuk, où elle exerce une activité d’artiste et de travailleuse culturelle indépendante, tout en amorçant une carrière littéraire. En 1992, elle publie Ornigisaq, livre pour enfants composé de poèmes et de courts récits, aux éditions Atuakkiorfik (Nuuk). À la fin des années 2000, Lana Hansen s’engage dans différents projets consacrés à la défense de l’environnement et à la question du changement climatique : par exemple, lors de la Conférence de Copenhague de 2009 sur les changements climatiques (COP 15), elle présente une installation visuelle et sonore, intitulée Ego White Off, un film sur le changement climatique au Groenland, projeté sur la toile d’un tambour traditionnel inuit.
C’est aussi en 2009 qu’écriture et militantisme écologique se rejoignent dans le parcours de Lana Hansen : elle publie Sila, récit pour enfants, qui paraît aux éditions Milik (Nuuk) en kalaallisut (langue groenlandaise) sous le titre Sila : silap pissusiata allanngornera pillugu oqaluttualiaq, et en danois sous le titre Sila - et eventyr om klimaforandringer, avant d’être traduit en anglais, également en 2009 et toujours chez Milik, sous le titre Sila : a fable about climate change. Ce court récit, illustré par l’artiste, romancier et musicien groenlandais Georg Olsen, évoque la question du changement climatique à travers une réécriture du mythe de Sedna : Tulugaq (« corbeau » en kalaallisut) est un jeune garçon capable de se métamorphoser en corbeau ; l’Esprit de l’Inlandsis (calotte glaciaire centrale du Groenland) le charge d’intercéder auprès de Sedna pour sauver l’espèce humaine d’elle-même. Cette fable est inspirée à Lana Hansen par une révélation survenue sur une plage de Nuuk, aux côtés de sa fille Niini Malu Hansen, à qui elle dédiera Sila : le regard perçant d’un aigle, dont le bec menaçant dévore les yeux d’un agneau, lui intime l’ordre d’avertir les générations futures des dangers du réchauffement climatique.
Sila permet à Lana Hansen d’exprimer sa grande inquiétude pour l’avenir de la planète et des sociétés inuites, qui sont selon elle peu conscientes de l’urgence climatique, puisqu’elles associent leur processus d’indépendance au développement industriel du pays. Sila trouve un écho international : en 2010, l’ouvrage est nominé pour le Vestnordisk Råds Børne- og Ungdomslitteraturpris (Prix de littérature d’enfance et de jeunesse du Conseil nordique de l’Ouest) ; Lana Hansen fait la promotion de son récit à l’Expo 2010 de Shanghai (Chine) en 2010, où elle est à la tête d’une délégation de trois artistes groenlandais, ainsi qu’à des conférences sur les changements climatiques.
Pour Lana Hansen, la consécration politique se double d’une consécration littéraire à l’échelle des nations circumpolaires, notamment dans le cadre de la Nordic Library Week 2013, un événement organisé dans les pays scandinaves et baltes. S’ensuit un essor de traductions pour le récit de Lana Hansen : réimprimé en kalaallisut en 2016, Sila est aussi traduit vers le sâme du Nord en Norvège en 2017, sous le titre Sila muitalus dálkkádatnuppástusaid birra. Sila est ensuite traduit vers l’inuktitut par Lisa Qiluqqi Koperqualuk, sous le titre ᓯᓚ. ᑲᓛᓪᓖᑦ ᐅᓂᒃᑳᑐᐊᖓ ᓯᓚᕐᔪᐊᒥ ᓯᓚᐅᑉ ᐊᓯᔾᔨᐸᓪᓕᐊᓂᖓᓄᐊᖓᔪᖅ. Le livre devient alors le premier ouvrage littéraire traduit entre deux langues inuites. Une traduction en français, sous le titre Sila, un conte groenlandais sur les changements climatiques, est parue en 2020 dans la collection « Jardin de givre » des Presses de l’Université du Québec, avec une introduction de Daniel Chartier.
Sila a fait de Lana Hansen une ambassadrice internationalement reconnue sur les questions de changements climatiques, intervenant à l’échelle mondiale dans des conférences et des ateliers au nom du Groenland et du Danemark. Installée à Copenhague en 2010, puis à Berlin quelques années plus tard, elle prépare d’autres projets littéraires et artistiques.
Enfin, Lana Hansen aura sans doute gagné sa fille à la cause de la défense et de la promotion des intérêts de l’Arctique : Niini Malu Hansen est actuellement étudiante de cycle supérieur en études groenlandaises à l’Université de Copenhague et elle fait partie du comité éditorial du JONAA (Journal of the North Atlantic and Arctic), plateforme en ligne centralisant les informations relatives aux nations circumpolaires et arctiques.