Professeure, chercheure, curatrice et artiste visuelle née à Happy Valley-Goose Bay (Nunatsiavut) en 1979.
Heather Igloliorte, également appelée Heather Lynette Igloliorte, est née à Happy Valley-Goose Bay, au Labrador, en 1979. Sa mère est originaire de Terre-Neuve et son père, James Igloliorte, est le premier Inuit à occuper la fonction de juge au tribunal provincial de Terre-Neuve-et-Labrador. La famille Igloliorte a ses racines à Hopedale, village situé au nord du Labrador et capitale législative du Nunatsiavut.
C’est en tant qu’artiste visuelle que Heather Igloliorte débute sa carrière. Comme son frère, le peintre Mark Igloliorte, elle obtient en 2003 un baccalauréat ès arts au Nova Scotia College of Art and Design (NSCAD), à Halifax (Nouvelle-Écosse) : elle se destine alors à la pratique de la peinture et du dessin. Cependant, en 2003, elle est victime d’un accident de la route qui la contraint à une année de soins physiothérapiques. Elle poursuit alors des études en histoire de l’art, à l’Université Carleton, à Ottawa (Ontario), où elle obtient une maîtrise en histoire de l’art du Canada en 2007 et un doctorat en médiation culturelle en 2013. Le mémoire de maîtrise (2006) de Heather Igloliorte porte sur l’influence de l’artiste, designer et auteur canadien James Archibald Houston dans l’essor des arts inuits dans l’Arctique de l’Est canadien. Sa thèse de doctorat, intitulée « Nunatsiavummi Sananguagusigisimajangit. Nunatsiavut Art History: Continuity, Resilience, and Transformation in Inuit Art », est le premier essai d’histoire de l’art consacré au Nunatsiavut, et fait de son autrice la première historienne de l’art inuite à détenir un doctorat au Canada. Avant l’obtention de ce doctorat, elle fait partie du conseil d’administration du Collectif des commissaires autochtones (2005-2011) et elle est déjà l’autrice d’un catalogue d’exposition bilingue (anglais, français) paru en 2008 et réimprimé en 2010 : We Were so Far Away : The Inuit Experience of Residential Schools. Nous étions si loin : L'expérience des Inuits dans les pensionnats. Elle y partage les témoignages de huit survivants de pensionnats, recueillis en 2008.
À l’automne 2012, Heather Igloliorte devient professeure au sein du Département d’histoire de l’art de l’Université Concordia, à Montréal (Québec). Titulaire de la chaire de recherche de l’Université Concordia en histoire de l’art et en engagement communautaire autochtones, elle consacre ses activités d’enseignement et de recherche à la culture visuelle et matérielle des arts autochtones circumpolaires, à la promotion de ces arts associée à la question de la réappropriation par les Autochtones de leur identité en contexte colonial. Les activités de commissaire d’exposition de Heather Igloliorte nourrissent ses nombreuses publications universitaires. Outre des articles parus dans de nombreux ouvrages collectifs, l’on peut mentionner trois catalogues : Decolonize Me. Décolonisez-moi (2012), catalogue bilingue (anglais, français) d’une exposition présentée à la Galerie d’art d’Ottawa en 2012 et en tournée à travers le Canada entre 2013 et 2015 ; Inuit Art: The Brousseau Collection : collection guide (2016), qui accompagne le déploiement d’une collection d’art inuit au Musée national des beaux-arts du Québec et qui est traduit en français par Ève Renaud sous le titre Art inuit : la collection Brousseau : guide de collection (2016) ; SakKijâjuk: Art and Craft from Nunatsiavut (2017), catalogue de l’exposition SakKijâjuk présentée à Saint-Jean de Terre-Neuve dans le cadre du 20e Congrès d’études inuites (2016). Notons que, dans ce même congrès, Heather Igloliorte coorganise également, avec Britt Gallpen et Mark Turner, le festival iNuit blanche, auquel prend part son frère Mark Igloliorte.
Parmi ses multiples responsabilités, Heather Igloliorte co-dirige avec Jason Edward Lewis la grappe de recherche Initiative pour les avenirs autochtones (IIF) à l’Institut Milieux pour les arts, la culture et la technologie (Montréal). Elle siège au conseil d’administration de la Native North American Art Studies Association, qui fait autorité en matière d’histoire de l’art autochtone en Amérique du Nord. Elle est membre du comité éditorial de la revue Inuit Art Quarterly, ainsi que des conseils d’administration de l’Inuit Art Foundation et de la Nunavut Film Corporation. Partie prenante des comités consultatifs autochtones du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH), de la Fédération des sciences humaines et de l’Office national du film, Heather Igloliorte occupe à plus d’un titre une position d’autorité qui lui permet de défendre les intérêts des cultures et des sociétés inuites. Elle s’engage dans la préservation de l’héritage de plusieurs artistes inuits : Alootook Ipellie, à qui elle consacre une rétrospective, « Walking Both Sides of an Invisible Border », à la Carleton University Art Gallery en 2018 ; Heather Campbell, dont elle présente les dessins à l’encre dans l’exposition « Nunatsiavut – Our Beautiful Land », à La Guilde, galerie d’art située à Montréal. En 2018, Heather Igloliorte rejoint une équipe de conservatrices inuites, parmi lesquelles la réalisatrice Asinnajaq (Isabella Rose Weetaluktuk), elle aussi diplômée du NSCAD. Ensemble, elles préparent l’exposition « Inuk Style » sur laquelle doit s’ouvrir en 2020 le Centre d’art inuit Qaumajuq du Musée des beaux-arts de Winnipeg (Manitoba).
Heather Igloliorte place enfin ses activités d’enseignante-chercheuse et de curatrice au service des Inuits eux-mêmes. En 2019, elle obtient un important financement du CRSH pour son projet « Aide aux capacités de carrière, d’études supérieures et de recherche inuites dans le domaine des arts : itinéraires vers de meilleures pratiques », qui vise à accroître la participation des Inuits à la recherche universitaire en arts. En 2020, dans le contexte du confinement occasionné par la crise sanitaire de la Covid-19, elle organise des ateliers d’art et d’artisanat inuits et autochtones en ligne : ce projet, nommé « De-ice-olation », a pour objectif de rompre l’isolement des Inuits et des Autochtones tout en favorisant la transmission de leurs cultures.
Heather Igloliorte vit actuellement à Montréal.