Auteure-compositrice-interprète et documentariste née à Salluit (Nunavik) en 1977.
Elisapie Isaac, ou Elisapie de son nom d’artiste, est née en 1977 à Salluit au Nunavik. De mère inuite et de père terre-neuvien, elle est adoptée à la naissance par une famille inuite, dont elle est la fille aînée. Elle grandit à Salluit, entre les hivers au village et les étés au camp, et découvre le Sud (Québec, Montréal) à l’âge de 12 ans, avec sa famille biologique. Les liens étroits qu’elle entretient avec sa communauté de Salluit lui permettent de surmonter le décès de ses parents. Elle s’installe à Montréal en 1999 pour y étudier la communication au Cégep John-Abbott.
C’est en tant que documentariste qu’Elisapie Isaac fait ses premiers pas dans l’univers de la création : elle réalise un documentaire trilingue intitulé Sila piqujipat = Si le temps le permet = If Weather permits it, dédie à son grand-père adoptif. Ce documentaire, consacré à la vie quotidienne du village de Kangirsujuaq, remporte notamment le prix Claude-Jutra dans la catégorie « Meilleur espoir » aux Rendez-vous du cinéma québécois en 2003. Il est sélectionné dans le cadre du projet « Unikkausivut: Sharing Our Stories = Unikkausivut : transmettre nos histoires », coordonné par l’Office national du film du Canada, le ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord du Canada, le gouvernement du Nunavut et les organisations inuites. Il paraît en 2011 dans le coffret DVD du projet.
Elisapie Isaac est aussi une musicienne reconnue. Choriste d’un groupe de musique folk, le Salluit Band, pendant son adolescence, elle lance un premier album, Taima Project (2004), avec le musicien abitibien Alain Auger, et reçoit le prix Juno 2004. Elle se fait ainsi connaître à l’étranger. Elle est ensuite l’auteure de trois albums solo folk et électro, où elle chante en anglais, français et inuktitut : There Will Be Stars (2009), Travelling Love (2012) et The Ballad of the Runaway Girl (2018). Ce dernier album, qui accueille le chant de gorge avec Beatrice Deer sur le titre Qanniuguma, est construit comme un voyage spirituel : questionnement identitaire, acceptation et dépassement du mal-être collectif, déchirement entre deux cultures. La vie du chanteur inuit Willie Thrasher, exilé dans un pensionnat du Sud dans les années 1950, inspire entre autres cet album, qui remporte un grand succès : il est notamment nominé pour le prix Juno 2019 dans la catégorie « Album autochtone de l’année » et pour le prix Polaris 2019, et il remporte deux prix Félix (2019), ainsi que le prix Gamiq 2019.
Mère de trois enfants, Elisapie Isaac vit actuellement à Montréal, mais se rend souvent au Nunavik, où elle reste très proche de sa communauté.