Écrivaine née à Nanortalik (Groenland) en 1990.
Niviaq Korneliussen est née le 27 janvier 1990 à Nanortalik, petite ville du sud du Groenland, où elle passe son enfance. Fille d’Arnaq et de Jens Korneliussen, elle a deux sœurs, Kulunnguaq et Tukummeq. À la fin de l’adolescence, elle part en échange scolaire aux États-Unis. Elle acquiert dans sa jeunesse le goût de l’écriture, sans que la littérature groenlandaise transmise par l’école ou son oncle écrivain ne jouent un rôle spécifique dans cette orientation.
Niviaq Korneliussen commence des études de sciences sociales à l’Université du Groenland, qui s’interrompent en 2012, pour deux raisons : elle commence à travailler dans des associations culturelles auprès d’artistes de Nuuk, et elle remporte le concours de nouvelles de la maison d’édition groenlandaise Milik avec sa nouvelle « San Francisco », qui connaît une publication en groenlandais (2013), puis en danois (2015) et en anglais (2017). « San Francisco », d’inspiration autobiographique, relate les expériences d’une jeune femme lesbienne à la découverte de la Californie. C’est le début de sa carrière d’écrivaine : lauréate d’une bourse gouvernementale, elle publie en 2014 chez Milik son premier roman en groenlandais, Homo Sapienne, qu’elle traduit elle-même en danois la même année, et qui est ensuite traduit en allemand sous le titre Nuuk #ohne Filter (« Nuuk #sans filtre ») dès 2015, en français sous le titre Homo sapienne (2017), en anglais, en Grande-Bretagne (Crimson, 2018) et aux États-Unis (Last Night in Nuuk, 2019) et enfin en tchèque (2019). Ce roman, qui traite des destins croisés de cinq personnages de jeunes gens en proie à des questionnements identitaires dans un Groenland postcolonial, est un immense succès : vendu à 3 000 exemplaires au Groenland, best-seller au Danemark, il vaut notamment à Niviaq Korneliussen une nomination pour le Grand Prix de littérature du Conseil nordique en 2015 et une grande notoriété. Ayant interrompu ses études de psychologie à l’Université d’Aarhus (2015), elle parcourt les pays nordiques au gré des invitations jusqu’en 2018. Même si Niviaq Korneliussen refuse d’être définie comme une auteure engagée ou comme la porte-parole de la jeunesse groenlandaise, elle développe dans son roman un discours critique sur le Groenland postcolonial et ses contradictions identitaires, ce qui lui attire réactions de colère et menaces de la part de certains Groenlandais. Elle incarne un renouveau de la littérature groenlandaise et son roman est étudié dans les écoles. En 2016, elle contribue également au recueil de nouvelles de Nina Kreutzmann Jørgensen (Avannersumut sassarpoq ; Hun står i nordenvind en danois), ainsi qu’à un essai sur le Groenland comme lieu extrême, I vintermørket ser man intet (« Dans la noirceur de l’hiver, on ne voit rien »). Son prochain roman, en préparation, traite de dépression et de suicide, questions épineuses dans la société groenlandaise.
Aujourd’hui, Niviaq Korneliussen vit à Nuuk.