Romancière, historienne et enseignante née à Kangiqsujuaq (Nunavik) en 1931 – morte à Kangiqsujuaq (Nunavik) en 2007.
Mitiarjuk Nappaaluk, également appelée Mitiarjuk Attasie Nappaaluk, Salomé Mitiarjuk Nappaaluk ou encore Salomé Mitiarjuk Attasi Nappaaluk, est née en 1931 à Kangiqsujuaq, où elle est décédée en 2007. Elle est l’épouse de Naalak Nappaaluk, et compte dans sa descendance 54 enfants et petits-enfants. Aînée d’une famille de filles, elle apprend les récits oraux traditionnels de la côte est de la Baie d’Hudson par sa mère et ceux de la côte d’Ungava par son père chasseur de phoque barbu.
La jeunesse de Mitiarjuk Nappaaluk est placée sous le signe du mode de vie traditionnel inuit (chasse, pêche, tannerie, activité de conteuse), mais elle est également en contact étroit avec les missionnaires catholiques de sa communauté. De ce contact naît sa double vocation d’auteure et de pédagogue. C’est le missionnaire Lechat qui lui apprend à écrire sa langue en alphabet syllabique, alors qu’elle est âgée de 20 ans. Par la suite, elle traduit vers l’inuktitut les missels et élabore avec les missionnaires un dictionnaire de l’inuktitut. Suite à la demande de Lechat de lui enseigner du vocabulaire inuktitut, elle écrit Sanaaq dans les années 1950 : il s’agit du premier roman inuit, alors que l’auteure n’a jamais lu de roman. Si ce roman, récit de la vie des Inuits du Nunavik avant l’arrivée des missionnaires blancs et des mutations qu’ils entraînent, lui vaut l’attention et l’estime de l’anthropologue Bernard Saladin d’Anglure dès 1956, il ne paraît en inuktitut qu’en 1984, avant d’être traduit en français (2002) avec le soutien de Saladin d’Anglure, puis en anglais (2014). Cette parution tardive explique que le statut de premier romancier inuit revienne à Markoosie Patsauq, et non à Mitiarjuk Nappaaluk. Néanmoins, son roman lui vaut nombre de prix et de distinctions : National Aboriginal Achievement Award (1999), doctorat honorifique de l’Université McGill (2000), Ordre du Canada (2004), Mary Scorer Award for Best Book by a Manitoba Publisher (2015), autant d’hommages qu’elle reçoit avec fierté au nom de sa famille. Entre l’écriture et la parution de Sanaaq, Mitiarjuk Nappaaluk exerce en tant que consultante pour la Commission scolaire Kativik et enseigne la langue et la culture inuites dans les écoles du Nunavik entre 1965 et 1996, date de sa retraite. Dans le cadre de son activité pédagogique, elle écrit plus de 20 livres, au nombre desquels l’on peut mentionner L’encyclopédie inuite de Mitiarjuk, écrite à la demande de Saladin d’Anglure entre 1965 et 1967, publiée en version trilingue (inuktitut, anglais, français) dans la revue Tuvimut en 1993-1994 et qui vise à compiler le savoir traditionnel, les légendes et les notions d’histoire naturelles propres aux Inuits du Nunavik. Après sa retraite, Mitiarjuk Nappaaluk demeure un membre actif du Conseil communautaire de Kangiqsujuaq et de la Commission de la langue inuite au Nunavik.
Selon sa fille Arnaujaq, Mitiarjuk Nappaaluk a vécu la reconnaissance de son roman Sanaaq comme un honneur pour le peuple inuit. Selon Saladin d’Anglure, elle n’a pas seulement donné à son peuple une voix reconnue, mais aussi réinventé le roman, genre littéraire occidental.