Historien, linguiste, écrivain et homme politique né à Niqsiturlik (Nunavik) en 1914 – mort à Puvirnituq (Nunavik) en 1993.
Taamusi Qumaq, également appelé Taamusi Qumaq Allatangit, est né en janvier 1914 sur l’île de Niqsiturlik, sur la côte est de la baie d’Hudson, et décédé le 13 juillet 1993 à Puvirnituq.
Fils de Juusua Nuvalinngaq et Aalasi Qingalik, il apprend auprès de ses parents les rudiments de la chasse et l’écriture syllabique de l’inuktitut. La mort de son père, alors qu’il n’a que 13 ans, laisse sa famille dépendante de la solidarité des voisins. Pour subvenir aux besoins des siens, Taamusi Qumaq apprend les techniques du piégeage et de la trappe auprès de ses aînés, sculpte la stéatite et accomplit toutes sortes de tâches pour la Compagnie de la Baie d’Hudson. Il se marie avec Maina Milurtuq en 1939 et devient le père biologique et adoptif de six enfants. Très tôt, il prend conscience de la raréfaction des ressources au Nunavik, des rapports de force instaurés par le colonialisme, ainsi que de la nécessité pour la population inuite de s’organiser pour défendre son identité et ses intérêts et gagner son autonomie politique.
La vie de Taamusi Qumaq se distingue par deux aspects, étroitement liés l’un à l’autre : son engagement politique et culturel en faveur de son peuple et son œuvre d’écrivain, d’historien et de linguiste. Dès 1959, il quitte la Compagnie de la Baie d’Hudson pour participer à la mise en place de la première coopérative de l’Arctique canadien à Puvirnituq. Il préside le conseil de la communauté de Puvirnituq entre 1961 et 1968, ce qui lui permet de mettre sur pied une bibliothèque ainsi que la première radio FM locale, mais aussi de participer à la rencontre des leaders inuits du Nord québécois à Kuujjuaq (Fort Chimo) en 1964, où il rencontre le ministre René Lévesque. Il est très actif dans l’établissement de la Fédération des Coopératives du Québec Arctique, ainsi que dans le Musée Saputik de Puvirnituq, qu’il crée en 1978. Il s’oppose à la signature de la Convention de la Baie James et du Nord québécois le 11 novembre 1975, qu’il interprète comme l’aliénation des territoires inuits. Plus tard, il est impliqué dans le Groupe de Travail sur la Justice inuite, dans le cadre de séminaires consacrés aux us et coutumes inuits aux côtés de Zebedee Nungak et Sheila Watt-Cloutier en 1992. Qumaq s’implique également au Conseil des Aînés d’Avataq. Porte-parole des intérêts et de la richesse culturelle inuite auprès des institutions provinciales et fédérales, il place également sa plume au service de la préservation et de la transmission du savoir dans son propre peuple : il est l’auteur, entre autres, d’Inuksiutitt allaniagait sivulitta Piusituangit (1988), une encyclopédie des mœurs et traditions culturelles inuites écrite entre 1976 et 1977 et publiée en caractères syllabiques, et d’Inuit uqausillaringit : ulirnaisigutiit (1991), dictionnaire et étude de linguistique sur la langue inuite, monument d’environ 30 000 entrées auquel il consacre sept ans de travail, grâce au soutien financier et matériel du gouvernement du Québec et du SAGMAI (Secrétariat des activités gouvernementales en milieu amérindien et inuit).
Pour son travail, il reçoit l’Ordre national du Québec en 1989, le Prix de la recherche scientifique sur le Nord en 1991, l’Ordre du Canada en 1993, une mention spéciale de l’Université du Québec en 1993 pour l’ensemble de son œuvre, ainsi que la Médaille du centenaire du Canada. Son autobiographie, parue à titre posthume en version trilingue (inuktitut, anglais, français) dans la revue Tumivut entre 1993 et 1998, puis publiée sous forme de livre en français (Je veux que les Inuit soient libres de nouveau) en 2010 et vers le marathi en 2019, et finalement en format bilingue inuktitut et français en 2020 sous le titre Je veux que les Inuit soient libres de nouveau. Autobiographie (1914-1993). ᐃᓄᓐᓂᒃ ᐃᓱᒣᓐᓇᕿᖁᔨᒋᐊᓪᓚᐳᖓ ᐃᓅᓯᕐᒥᓂᒃ ᐊᓪᓚᑐᕕᓂᖅ (1914-ᒥᑦ 1993-ᒧᑦ), retrace les grandes étapes de l’histoire des Inuits du Nunavik au XXe siècle.