Pasteur, écrivain et homme politique né à Manermiut (Groenland) en 1883 – mort à Ilulissat (Groenland) en 1957.
Mathias Storch est né en 1883 à Manermiut, petit hameau implanté au nord-ouest du Groenland. Il est le fils de David Storch, trappeur, et d’Anne Sofie Storch. Mathias Storch est le premier prêtre groenlandais à servir l’Église du Groenland et il mène une carrière d’homme d’Église et d’auteur prolifique tout au long de sa vie, jusqu’à son décès, à l’âge de 74 ans.
Doué de prédispositions pour l’apprentissage, il commence ses études au séminaire, Illinniarfissuaq, à Nuuk au Groenland, où il reçoit une formation de catéchiste – assistant du prêtre – en 1900. En 1906, il se rend au Danemark où il poursuit pendant deux ans ses études pour devenir homme d’Église; ce faisant, il apprend le danois et vit chez l’Évêque Christian Ludwigs à Aalborg. Son ordination en 1910 fait de lui le premier Groenlandais à exercer le ministère de prêtre dans le cadre de l’Église du Groenland de l’Ouest. Il sert dans diverses paroisses dans le Sud et dans le Nord du Groenland au long des deux décennies suivantes. Nommé en 1920 dans une commission en charge de tous les problèmes touchant le Groenland, il participe à la réforme de l’acte de gouvernance de son pays et, en 1927, lorsque les deux districts du Groenland, Est et Ouest, fusionnent, Mathias Storch devient le vice-prévôt de l’Église du Groenland pour l’ensemble du pays. Pasteur aux opinions progressistes, Storch contribue activement, tout au long de sa vie, au mouvement de renouveau évangélique Peqatigiinniat. Il mène une activité politique, promouvant l’éducation et le nationalisme groenlandais pour donner à ses concitoyens le contrôle sur leur propre vie.
L’impact des publications de Storch sur la société groenlandaise est significatif. Ses romans font partie intégrante des programmes scolaires dans le Groenland moderne. Le premier roman de Mathias Storch, Singnagtugaq (paru à Copenhague en 1915), est controversé, car il dépeint le conflit entre les colons danois et les Groenlandais colonisés, s’achevant sur la vision d’un Groenland moderne, libéré de l’humiliation et de la pauvreté infligée par la domination coloniale. Le roman est traduit en danois par Knud Rasmussen et publié sous le titre En Grønlænders drøm, à Copenhague en 1915. En 2016, une traduction française, Le rêve d’un Groenlandais, et une traduction anglaise, Singagtugaq. A Greenlander’s Dream, paraissent respectivement aux Presses de l’Université du Québec et à l’International Polar Institute Press. Strejflys over Grønland (littéralement : Pâturage du Groenland) (paru à Copenhague en 1930), écrit en danois durant un séjour au Danemark, décrit le désir qu’ont les Groenlandais d’acquérir des connaissances, de connaître un développement économique et le progrès en tant que nation. Storch écrit plusieurs tracts et articles consacrés à l’importance de l’éducation des enfants, qui paraissent dans des journaux groenlandais populaires tels qu’Atuagagdliutit, AvangnâmioK et Nalunaerutit. En 1921, le roi du Danemark se rend au Groenland dans le cadre du bicentenaire de l’arrivée des missionnaires sur l’île et remet à Mathias Storch la Croix de l’Ordre du Dannebrog, distinguant ainsi sa contribution à la vie religieuse et culturelle du Groenland.
Mathias Storch prend sa retraite en 1953, mais demeure actif dans le mouvement Peqatigiinniat et célèbre de temps à autre des offices religieux jusqu’à son décès en 1957.