Weetaltuk, Eddy

Auteur et militaire né dans les îles Strutton (Nunavut) en 1923 – mort à Uniujaq (Nunavik) en 2005.

Eddy ou Edward Weetaltuk, également appelé Eddy ou Edward Vital, est originaire des îles Strutton, qui sont situées dans la baie James, dans l’actuel Nunavut. Il est né en 1932 ; il grandit dans une extrême pauvreté avec ses onze frères et sœurs, avec qui il vit l’expérience de la famine au cours de son enfance. Ses parents sont des chasseurs de baleine de l’Arctique. Son grand-père, George Weetaltuk, est le guide de Robert Flaherty, le célèbre réalisateur américain qui immortalise la vie des Inuits du Nunavik au début des années 1920 dans son film documentaire Nanook of the North (1922). Eddy Weetaltuk et son frère David vivent pendant un temps au pensionnat de l’école catholique romaine Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus à Fort George (actuelle Chisasibi), au Québec. Au début des années 1950, Eddy Weetaltuk quitte le Nord pour exercer le métier de bûcheron à Fort-Coulonge, dans l’ouest du Québec : il dissimule son identité inuite en prenant le nom d’Eddy Vital. Il s’enrôle dans l’Armée canadienne, devenant ainsi le premier soldat inuit du Canada, et il combat outre-mer en Corée. Quinze ans plus tard, en 1974, il retourne dans le Nord et s’installe à Kuujjuarapik, au Nunavik, pour y écrire ses mémoires et accompagner la jeunesse locale dans sa lutte contre l’addiction et l’alcoolisme, problèmes qui ne lui étaient que trop familiers personnellement.

L’autobiographie d’Eddy Weetaltuk est unique. Le texte original, écrit par Eddy Weetaltuk, est élaboré avec l’aide du sociologue Thibault Martin et il est d’abord publié en français sous le titre E9-422. Un Inuit, de la toundra à la guerre de Corée (2009). Suivent deux traductions : l’une vers l’allemand, sous le titre Mein Leben in die Hand nehmen. Die Odyssee des Inuk E9-422 (2015) et l’autre vers l’anglais sous le titre From the Tundra to the Trenches (2016). Cette traduction anglaise remporte le Prix Mary-Scorer pour le meilleur livre par un éditeur du Manitoba en 2018. E9-422 est le numéro de matricule d’Eddy Weetaltuk : en 1941, le gouvernement fédéral assigne à chaque Inuit un numéro de matricule unique, qui leur tient lieu d’identité ; ce qui était appelé le numéro de matricule “esquimau”, ou ujamiit en Inuktitut, était tamponné sur un disque d’identification ou une carte, qu’il était obligatoire de porter sur soi en tout temps.

Eddy Weetaltuk décède brutalement en 2005, quelques jours à peine avant que ne soit prête la version finale de son autobiographie. Il a souhaité que son histoire aide les jeunes Inuits à trouver la force et la source d’inspiration nécessaires à la préservation de leur culture.

La rédaction de cette biographie est basée sur les documents écrits disponibles lors d'une recherche collective réalisée de 2018 à 2021. Il est possible que des coquilles et des faits doivent être corrigés. Si vous constatez une erreur, ou si vous souhaitez rectifier quelque chose dans une biographie d’auteur, merci de nous écrire à imaginairedunord@uqam.ca et nous le ferons avec plaisir. C’est de cette manière que nous arriverons à avoir des présentations plus précises, et à mieux faire connaître et mettre en valeur la culture inuite.

 

(c) Laboratoire international de recherche sur l'imaginaire du Nord, de l'hiver et de l'Arctique, Université du Québec à Montréal, 2018-2021, Daniel Chartier et al.