Autrice et diariste, née à Mulligan (Lake Melville, Labrador, Nunatsiavut) en 1844 – morte au Nunatsiavut en 1940.
Margaret Baikie, née Margaret Campbell, est la fille aînée de Lydia et Daniel Campbell. Lydia Campbell, née d’une mère inuite et d’un père anglais, est la première Labradorienne inuite à écrire le récit de sa vie (Sketches of Labrador Life, 1980 [1894]). Margaret Baikie grandit à Mulligan (aussi appelé Lake Melville), une colonie de Terre-Neuve-et-Labrador, 66 kilomètres au nord-est de Happy Valley-Goose Bay. Sa mère lui lègue des savoirs inuits pour la chasse, la trappe, la pêche, les connaissances médicinales, la confection de vêtements et la préparation de nourriture. La chasse et la trappe deviennent pour Margaret Baikie des passions : elle raconte d’ailleurs, au fil de ses récits, plusieurs exploits personnels dans ces domaines. Des témoignages de ses descendants dans la revue Them Days rapportent d’autres de ses nombreuses habiletés, dont la broderie et le perlage.
Adulte, Margaret Campbell rencontre Thomas Baikie, un Écossais de Leith (Écosse), qui est de passage au Canada pour travailler au sein de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Après son contrat, il épouse Margaret Campbell et s’établit définitivement au Labrador. Ensemble, ils ont huit enfants. La vie adulte de Margaret Baikie nous est inconnue, puisqu’elle ne semble pas être documentée. Cela semble dû au fait que les principales informations que nous détenons à son sujet sont des récits autobiographiques de son enfance.
En 1917, alors qu’elle a 73 ans, Margaret Baikie écrit à propos de ses souvenirs de jeunesse au Labrador. Plus de trente ans après sa mort, sa nièce Flora Baikie soumet une copie de ces mémoires à la revue d’histoire et de littérature orale Them Days. Elles sont assemblées en un ouvrage et publiées en 1976 à titre posthume sous le nom Labrador Memories : reflection at Mulligan. Dans ces chroniques, Baikie relate des souvenirs et anecdotes dont les plus anciens datent de 1846. Elle raconte aussi de son point de vue certaines histoires que sa mère avait elle-même écrites dans ses journaux intitulés Sketches of Labrador Life (1980). L’ouvrage est réimprimé en 1983. Les écrits de Lydia Campbell et de Margaret Baikie sont considérés comme des ressources historiques et littéraires précieuses puisqu’ils sont des témoignages détaillés de la vie quotidienne au Labrador à cette époque.
Un projet de publication de récits à propos de la famille Baikie intitulé Up and Down the Bay : the Baikie Family of Esquimaux Bay est entamé par Leslie D. Baikie en 1989. Celle-ci compile plusieurs récits familiaux, dont certains de Margaret Baikie. Cependant, ce projet n’a jamais abouti. Le manuscrit est conservé au Centre for Newfoundland Studies à l’Université Memorial de Terre-Neuve, à Saint-Jean de Terre-Neuve.
Tout comme le christianisme qui a occupé une grande place dans sa vie, l’alphabétisation était cruciale pour la mère de Margaret Baikie qui s’est assurée de transmettre ces deux passions à ses nombreux enfants. Ainsi, Margaret Baikie et son demi-frère Thomas Blake ont suivi les pas de leur mère en publiant tous deux des ouvrages à propos de leur vie au Labrador. Lydia Campbell a donc établi une très longue lignée littéraire, qui a d’ailleurs été étudiée dans la thèse de doctorat de Dale S. Blake intitulée « Inuit Autobiography : Challenging the Stereotypes » publiée en 2000 à l’Université d’Alberta. Cette lignée inclut notamment Elizabeth Goudie, nièce de Margaret Baikie et autrice de Women of Labrador (1973). Elle inclut aussi Doris Saunders, la fondatrice et éditrice de Them Days, qui se trouve être la petite-nièce de Margaret Baikie.
Margaret Baikie décède à l’automne 1940 au Nunatsiavut, où elle a vécu toute sa vie.