Auteure et matriarche du Labrador, née à Hamilton Inlet (Nunatsiavut, Labrador) en 1818 – morte à Mulligan River (Nunatsiavut, Labrador) en 1905, première personne du Nunatsiavut à publier un livre.
Lydia Campbell, aussi connue sous le nom de Lydia Blake et Lydia Brooks, est née en 1818 à Hamilton Inlet au centre du Labrador. Elle est la fille de Ambrose Brooks, un Anglais travaillant pour le compte de la Compagnie de la Baie d’Hudson, et de sa femme inuite, rebaptisée Susan. Lydia Campbell est une “livyere”, c’est-à-dire une habitante métisse du Labrador.
Grâce à son père, elle apprend à lire et écrire en anglais et étudie les Écritures saintes. Grâce à sa mère, elle apprend l’Inuktitut et développe les aptitudes de survie inuites telles que la chasse et la pêche. En 1834, alors qu’elle n’a que 16 ans, Lydia est mariée à William (ou Bill) Blake de Rigolet (en inuktitut : Kikiaq) au Labrador et ils donnent naissance à cinq enfants. En 1848, après la mort de son premier mari, Lydia Campbell se remarie avec Daniel Campbell et ils élèvent six enfants en plus d’en accueillir deux qui n’étaient pas les leurs ; ils vivent à Groswater Bay (Kangerliorsoak en inuktitut), au centre-sud du Labrador. La famille de Lydia Campbell a une forte assise historique au Labrador et elle engendre une lignée d’auteur(e)s labradorien(ne)s. L’on songe à la fille de Lydia Campbell, Margaret Baikie, auteure de Labrador Memories (1918), à son fils Thomas L. Blake, auteur de The Diary of Thomas L. Blake (publié en 2000 à titre posthume), à sa petite-nièce Elizabeth Goudie, auteure de Woman of Labrador (1973) et son arrière-arrière-petite-fille, Doris Saunders. Cette dernière est l’auteure de plusieurs articles et essais concernant l’écriture autobiographique au Labrador – par exemple, “Women in Labrador: A Personal Viewpoint”, publié dans le magazine Atlantis en 1982 – et elle est aussi fondatrice et éditrice de Them Days, magazine populaire transmettant notamment des récits oraux, publié à Happy-Valley Goose Bay au Labrador.
Connue de tous comme « tante Lydia », cette matriarche est la première Labradorienne inuite à écrire un récit de sa vie. Elle se lance dans ce projet à l'invitation d’un pasteur de Terre-Neuve, le révérend Arthur Charles Waghorne. En 1894, le journal Evening Herald de Saint-Jean de Terre-Neuve publie son autobiographie sous le nom “Sketches of Labrador Life” (« Esquisses de la vie au Labrador »), en treize livraisons qui paraissent entre décembre 1894 et mai 1895. Des passages de ce récit à la première personne sont sélectionnés par Elizabeth Goudie et publiés sous les titres « A bit about my life » (« Un aperçu de ma vie ») et « Excerpts from Lydia Campbell’s diary » (« Extraits du journal de Lydia Campbell ») dans Them Days en 1977. Le manuscrit complet est publié par Doris Saunders sous la forme d’un livre intitulé Sketches of Labrador Life en 1980; il est ensuite réédité en 1984 et en 2000. Les souvenirs que consigne Lydia Campbell à propos de la vie au Labrador sont décrits comme « spirituels, pertinents et poétiques » et contiennent de nombreux éléments de folklore propres à cette région. L’écriture de Lydia Campbell fournit des éléments concrets de l’histoire des femmes du Labrador, de leurs épreuves et préoccupations quotidiennes. Des extraits de son autobiographie sont également publié dans Them Days dans les années 1980.
En 1985, le Lydia Campbell Award for Creative Writing est créé par le Conseil des arts de Terre-Neuve et Labrador. En 1987, des jeunes gens de North West River au Labrador produisent une pièce de théâtre intitulée All Lydia’s Children (« Tous des enfants de Lydia ») pour le Festival des arts du Labrador. En 2009, le gouvernement canadien classe Lydia Campbell parmi les personnes d'importance historique nationale : c’est un hommage rendu à son héritage durable.