Igloliorte, John

Chasseur, conteur et artiste né à Nain (Nunatsiavut) en 1936.

John Igloliorte, aussi nommé John Igloloirte, est né à Nain, aujourd’hui le village le plus septentrional du Labrador, au Nunatsiavut, en 1936. À cette époque, le village comptait quelques centaines de personnes. Alors que John Igloliorte n’est qu’un petit enfant, son père meurt de tuberculose ; sa famille peine alors à survivre. John Igloliorte est périodiquement pris en charge par d’autres familles de la communauté. Comme les autres enfants du village, il grandit dans la nature labradorienne, en bordure de l’Atlantique, et sa vie est rythmée par les saisons. Il effectue son éducation primaire au pensionnat de Nain. Jeune, il quitte le pensionnat et va vivre chez sa mère. Son beau-père lui enseigne comment subvenir aux besoins de la famille : il lui apprend à pêcher la morue, à chasser les phoques, à utiliser une carabine et à diriger une horde de chiens. À 13 ans à peine, John Igloliorte devient chasseur. Dans les années 1960, il fait la connaissance de sa future épouse, Dina, par l’entremise d’un ami commun. Le couple se marie le 4 février 1963 dans la maison du pasteur à Makkovik (ou Maquuvik), un village situé à l’est du Labrador, au nord de Rigolet, puis ils retournent s’installer à Nain. Le couple donne naissance à deux enfants, Adam et Henrietta.

En 1976, John Igloliorte publie un article bilingue (anglais, inuktitut) dans Inuktitut Magazine, la revue des Inuits du Canada. Dans cet article intitulé « My Life in Nain. Inôgusiga Nainime Aglataujok John Igloliortimut », il raconte son enfance. Dans les années 1980, il contribue à l’écriture et à l’illustration de plusieurs manuels pour la commission scolaire du Labrador. En 1994, il publie en anglais un livre autobiographique qu’il illustre lui-même : An Inuk Boy Becomes a Hunter. Dans ses mémoires, John Igloliorte raconte, à travers l’histoire du jeune garçon qu’il était, les difficultés affrontées par les Inuits du Nunatsiavut dans les années 1940-1950, leur combat constant pour la survie, leurs défis et leurs victoires. Il dépeint les mœurs et coutumes de la société inuite, dont il rappelle qu’elles sont cruciales pour réunir et souder les communautés. Il loue ainsi les jeux auxquels s’adonnent les jeunes garçons inuits, et qui les forment à devenir de bons chasseurs : le saut sur jointures, l'avion, le coup de pied simple, le tirage d’oreille et autres sports encore pratiqués aujourd’hui. Ce sont des disciplines de compétition qui demandent agilité, force et endurance. Dans le chapitre « Christmas Time in Labrador », qui a été republié en 2010 dans l’ouvrage An Atlantic Canadian Christmas Reader: Stories and Traditions, édité par Leslie Crewe, John Igloliorte relate les Noëls de son enfance à Nain et toutes les traditions qui s’y rattachent. Il mentionne notamment l’importance de l’église, foyer central de la communauté, et de la chorale de Noël à laquelle il a participé en tant que violoniste, ce qui était perçu comme un honneur. Caractérisés par un art consommé de la narration, les écrits de John Igloliorte témoignent enfin des importantes et soudaines mutations que subissent les communautés inuites dans leur transition vers un mode de vie moderne, et de la perte des traditions ancestrales : An Inuk Boy Becomes a Hunter s’ouvre ainsi sur un hommage aux chamanes de la communauté de John Igloliorte à travers les siècles.

En 1994, John Igloliorte vit toujours à Nain.

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(c) Laboratoire international de recherche sur l'imaginaire du Nord, de l'hiver et de l'Arctique, Université du Québec à Montréal, 2018-2021, Daniel Chartier et al.