Inukpuk, Martha Malaya

Travailleuse communautaire et chroniqueuse née à Inukjuak (Nunavik) en 1963. 

Martha Malaya Inukpuk, également appelée Martha Inukpuk-Iqaluk, Martha Malaya Inukpuk-Iqaluk ou Malaya Mataa Inukpuk, est née en 1963 à Inukjuak (autrefois Port Harrison), sur la rive nord-est de la baie d’Hudson. Elle préfère être appelée Martha Malaya Inukpuk. Elle est la nièce d’Elisapee Inukpuk, couturière réputée pour les poupées qu’elle confectionne avec son époux Charlie à partir de peaux de phoque et de caribou, d’herbes et de pierres sculptées. Martha Malaya Inukpuk grandit dans les traditions de la société inuite : activités de couture avec sa mère et sa grand-mère, chasse au caribou et à l’oie avec son père, pêche sur glace avec sa famille lors des campements d’été qui bercent son enfance en 1975 et 1976. Enfant, elle assiste aux rencontres communautaires qui se tiennent à Inukjuak dans les années 1970 et est spectatrice de l’inquiétude de sa famille devant les projets de développement hydro-électrique au Nunavik. Après des études au Cégep Dawson, à Montréal, entre 1982 et 1985, qu’elle interrompt brièvement en 1983 pour travailler à la gestion de la Coop d’Inukjuak, Martha Malaya Inukpuk donne des leçons d’inuktitut dans la région de Montréal, puis travaille pour Air Inuit à Dorval jusqu’en 1987. À partir de cette date, elle s’implique particulièrement dans sa communauté, en étant membre du comité de jeunes d’Inukjuak, et elle exerce en tant que secrétaire administrative au sein de la Société Makivik jusqu’en 1999.

Le parcours de Martha Malaya Inukpuk la conduit progressivement à une carrière de travailleuse sociale au sein de sa communauté. À travers ses fréquentes contributions au journal Makivik News entre 1995 et 2000, elle rend compte des problématiques sociales et économiques propres à sa communauté : l’on songe entre autres à ses articles « Child care – a growing concern » (1996), « A look at budgeting and nutrition » (1997) ou « A visit with women’s shelters » (1997). Elle prend également soin de faire connaître les figures féminines inspirantes de sa communauté : l’on pense à « Elisapie Inukpuk dolls at Ikajurtiit » (1996), hommage à sa tante dont l’œuvre fut récompensée dans le cadre de l’exposition Crafts from Arctic Canada. Artisanat de l'Arctique canadien (1974) et dont elle publie aussi une entrevue dans la revue Inuit Art Quarterly : « I enjoy dollmaking immensely » (1996). L’on pense enfin à « Lost, but not really lost : interview with Rynee Kutchaka » (1999), entrevue avec une aînée d’Inukjuak respectée de tous. Elle transcrit d’autres entrevues auprès d’Inuits de sa communauté, publiées dans le premier volume de Voices and Images of Nunavimmiut (2010), sous la direction de Minnie Grey et de Marianne Stenbaek. Les écrits de Martha Malaya Inukpuk sont marqués par la conscience des problématiques contemporaines propres à sa communauté : violences de la domination coloniale, mais aussi place de la femme dans la société inuite traditionnelle. Elle aborde cette dernière question dans son court récit autobiographique trilingue (inuktitut, anglais, français), « Reflections from Inukjuak. Souvenirs d’Inukjuak » (1995), paru dans Makivik News, où elle se souvient que la conscience du rôle dévolu aux femmes l’a détournée de son amour pour la chasse.

Cette production écrite régulière accompagne l’évolution professionnelle de Martha Malaya Inukpuk : elle devient travailleuse sociale en 2003 et concentre progressivement son activité sur la prévention du suicide : en 2013, elle participe aux formations du programme ASIST (Applied Suicide Intervention Skills Training). En 2014, parallèlement à ses activités de formatrice en santé mentale, elle devient agente de liaison pour le Centre de santé Inuulitsivik. Ce centre, qui relève de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik, est basé à Puvirnituq pour les sept villages de la côte de la Baie d’Ungava, dont Inukjuak. C’est au nom de cette institution qu’elle reçoit en 2018 le prix Méritas « Partenaire de l’année », reconnaissance du travail de fond mené sur la prévention du suicide au Nunavik.

Martha Malaya Inukpuk vit actuellement à Inukjuak.

La rédaction de cette biographie est basée sur les documents écrits disponibles lors d'une recherche collective réalisée de 2018 à 2021. Il est possible que des coquilles et des faits doivent être corrigés. Si vous constatez une erreur, ou si vous souhaitez rectifier quelque chose dans une biographie d’auteur, merci de nous écrire à imaginairedunord@uqam.ca et nous le ferons avec plaisir. C’est de cette manière que nous arriverons à avoir des présentations plus précises, et à mieux faire connaître et mettre en valeur la culture inuite.

 

(c) Laboratoire international de recherche sur l'imaginaire du Nord, de l'hiver et de l'Arctique, Université du Québec à Montréal, 2018-2021, Daniel Chartier et al.