Musicien, chasseur et aîné né à Kuujjuarapik (Nunavik) vers 1936 – mort à Kuujjuarapik (Nunavik) au début du 21e siècle
Apelie Nowra, dont le prénom est également orthographié « Abelie », « Abellie » ou « Apellie », est né à Kuujjuarapik (aussi orthographié Kuujjuaraapik ; autrefois Poste-de-la-Baleine ; et enfin, Whapmagoostui en langue crie) vers 1936, où il est également décédé au début du 21e siècle.
Apelie Nowra grandit dans une famille de huit enfants, trois filles et cinq garçons. Ses parents se rendent souvent à Inukjuak pour le commerce, en bateau ou en traîneau à chiens. Apelie Nowra garde d’eux un souvenir ému : son père, même trop âgé pour chasser le phoque, continue ses activités de piégeage pour subvenir aux besoins de sa famille. Apelie Nowra, attiré par les expéditions de chasse à partir de 1946, profite des absences de ses parents pour commencer à chasser, en empruntant le fusil de l’un de ses frères aînés. Ce n’est qu’à la mort de sa mère qu’il est autorisé à prendre part aux parties de chasse et de pêche, où il se distingue par son adresse, abattant lagopèdes et phoques, parfois au péril de sa vie : pendant un hiver, prisonnier d’un bloc de glace à la dérive, il doit son salut à son frère aîné Lucassie Nowra. Après quelques années passées en campements, il s’établit à Kuujjuarapik où il travaille pour un qallunaq (homme blanc), avant d’entrer à l’école en 1955.
C’est à l’école qu’Apelie Nowra apprend à jouer de la guitare, ce qui lui permet d’accompagner des cantiques à la demande de ses professeurs et de se faire connaître : ses chansons, réalisées en collaboration avec son épouse Sarah Nowra, sont enregistrées et diffusées sur Radio-Canada. En 1970-1971, il apprend à jouer de l’orgue à l’église, à la requête de la veuve de l’évêque de sa paroisse anglicane : dans les années 1990, il officie en tant qu’organiste dans sa paroisse, et, au début des années 2000, il y exerce les fonctions de diacre, célébrant occasionnellement des offices religieux. La musique n’est pas le seul domaine artistique dans lequel il s’exprime : l’on doit également à Apelie Nowra un mât totémique sculpté en stéatite, vendu en 2020 sur le site d’enchères Barnebys. L’importance qu’accorde Apelie Nowra à la culture traditionnelle inuite se manifeste aussi dans sa participation aux fouilles de sauvetage archéologique commanditées par l’Institut culturel Avataq en juin 1987, dans le cadre des études d’impact environnemental du projet de réfection de l’infrastructure aéroportuaire d’Inukjuak.
Parvenu à un âge de maturité, Apelie Nowra retrace sa vie dans un récit trilingue (inuktitut, traduit en anglais et en français), qui paraît dans la revue Inuktitut Magazine en 1985 : « My childhood in Kuujjuaraapik. Mon enfance à Kuujjuaraapik ». Il y mentionne l’auteur et sculpteur Isa Smiler, qu’il semble avoir bien connu et qui pourrait lui avoir inspiré l’envie d’un récit autobiographique.